Prochain reportage : à définir

dimanche 13 juillet 2014

TDF #9 : Un Tony peut en cacher un autre

La deuxième étape de montagne du programme vosgien se prêtait à la formation d'une échappée imposante, mais c'est finalement un autre scénario qu'a choisi Tony Martin, qui a préféré l'option d'un duo d'attaque avec Alessandro De Marchi. Après avoir résisté en compagnie du coureur italien à un groupe de poursuivants de plus de 20 coureurs, l'Allemand s'est lancé dans un raid solitaire de près de 60 kilomètres pour aller chercher la victoire à Mulhouse. Déjà vainqueurs de chronos à Grenoble et au Mont-Saint-Michel, Tony Martin s'impose pour la première fois sur une étape en ligne du Tour de France. Derrière lui, c'est Tony Gallopin, le mieux classé du groupe de poursuivants qui a franchi la ligne avec 2'45'' de retard, mais surtout 5 minutes d'avance sur le peloton, qui dépossède Vincenzo Nibali du Maillot Jaune. Il est le premier leader français du classement général depuis Thomas Voeckler en 2011.

Crédit photo ASO

Voeckler en tête à la Schlucht
Les candidats à l'échappée ou à une éventuelle conquête du maillot à pois sont nombreux en début d'étape. Un groupe imposant se forme en plusieurs temps dans l'ascension au col de la Schlucht, avec Pate (Sky), Herrada (Movistar), Rodriguez, Spilak (Katusha), Paulinho (Tinkoff), De Marchi (Cannondale), Ten Dam (Belkin), Bakelants (OPQS), Gastauer (AG2R), Dumoulin (Giant), Durasek (Lampre), Vichot (FDJ), Gallopin (Lotto), Moinard (BMC), Gautier, Quemeneur, Voeckler (Europcar), Navarro, Taaramae, Edet (Cofidis), Albasini (Orica), Wyss (IAM), Konig, Mendes (NetApp) et Feillu (Bretagne). Thomas Voeckler bascule en tête, mais le peloton fond sur cette première échappée, anéantie au km 13.

Gallopin, leader virtuel du Tour 
Alessandro De Marchi (Cannondale) se lance dans la foulée (km 16) dans un mouvement qui inspire également Tony Martin (OPQS). Le duo parvient à distancer d'une quarantaine de secondes un peloton toujours remuant, d'où s'extrait un nouveau groupe très fourni dans la montée au col du Wettstein. Malgré les 28 coureurs lancés à leur poursuite (dont Rodriguez, Gallopin, Van Avermaet, Rolland, Cancellara, Navarro, Chavanel, Feillu…), les deux attaquants conservent leur avance au col du Wettstein, mais aussi au sommet de la côte des Cinq Châteaux (km 70), puis de celle de Gueberschwihr (km 86). 

Un raid solitaire pour Martin
Le travail de poursuite, essentiellement mené par les coureurs d'Europcar, ne porte pas ses fruits, excepté pour Tony Gallopin qui se retrouve en position de Maillot Jaune virtuel dès le sprint intermédiaire de Linthal (2'30'' de retard pour le groupe Rodriguez-Rolland, 6'45'' pour le peloton). Dès les premières pentes menant au Markstein, à 59 km de l'arrivée, Tony Martin décide de lâcher Alessandro De Marchi et de se lancer dans un raid solitaire. Il franchit le Grand Ballon avec 2'50'' d'avance sur Joaquim Rodriguez, qui est venu souffler à De Marchi le point restant encore en jeu. Il reste alors 43 kilomètres à parcourir pour le triple champion du monde du chrono, qui laisse parler sa puissance dans ce final.

Martin lève les bras
Derrière lui, Tony Gallopin se lance avec appétit dans un effort similaire, pour soigner et même augmenter l'avance dont il dispose sur Nibali. Sur la ligne d'arrivée, Martin goûte pour la première fois le plaisir de lever les bras pour célébrer sa victoire. Le coureur de Lotto-Belisol arrive avec 2'45'' de retard sur le vainqueur, mais surtout 5'01'' d'avance sur le peloton et Vincenzo Nibali, qui lui cède la tête du classement général. D'après Letour.fr

Tony Gallopin et Marion Rousse sur la Vélostar 2013 - Crédit photo Velostar

La réaction de Tony Gallopin à la suite de sa prise du maillot jaune : « Et voilà, c'est fait. J'y pense depuis l'étape des pavés, mais malgré cela, ce que je ressens est indescriptible. Quand j'étais tout jeune, je n'aurais jamais pu en rêver puisque j'étais lâché dans toutes les courses ! Je savais qu'il y aurait peut-être une opportunité aujourd'hui, alors je voulais absolument prendre l'échappée. J'ai sauté sur tout ce qui bougeait, ça a duré près de 40 kilomètres mais j'y suis arrivé. Et ensuite il a fallu batailler toute la journée pour s'assurer que c'était bon. Je n'ai pas voulu y croire tant que je n'étais pas à l'arrivée. Demain je vais passer la journée en jaune alors que c'est la fête nationale : c'est incroyable, c'est plus que formidable. En revanche ce ne sera pas l'étape la plus simple pour le défendre. Les favoris vont certainement se livrer à un premier gros test, et je n'ai que 1'30'' d'avance. Je vais tout faire pour y arriver, car j'aimerais bien passer plus d'une journée avec. »

Le plus ému sur la ligne d'arrivée de la 9e étape du Tour de France n'était pas le nouveau maillot jaune, Tony Gallopin, mais son oncle Alain, directeur sportif de l'équipe Trek et premier conseiller et confident de son neveu. "Généralement, vous venez me voir lorsque Fabian Cancellara gagne une étape, pas lorsqu'il finit deuxième. Mais là, c'est une immense émotion. Des Maillots Jaunes français, il n'y en a pas très souvent. Et un Maillot Jaune chez les Gallopin, c'est encore plus extraordinaire. Cela fait 50 ans qu'on est dans le vélo, il y a des Gallopin un peu partout dans les courses en France et nous voilà avec un maillot jaune."
Tony est le fils de Joël Gallopin, frère d'Alain et de Guy, lui aussi ancien coureur professionnel. 
"Tony ne court plus chez Trek, mais chez Lotto, mais je continue à le conseiller depuis les championnats d'Europe et du monde juniors en 2006, où son père me l'avait amené. Il avait remporté deux médailles de bronze et depuis me faisait confiance."
Très proche de Laurent Fignon, dont il fut l'équipier, le soigneur et le meilleur ami, Alain Gallopin a ajouté:  "Pour moi, c'est d'autant plus spécial que Mulhouse, c'est aussi la dernière victoire de Laurent Fignon sur le Tour, en 1992."