Prochain reportage : à définir

samedi 6 juillet 2013

TDF #8



Vingt-quatre heures après avoir pris congé de la Méditerranée, voilà qu'on nous reparle d'un Port, celui de Pailhères (15,3 km à 8 %). Découvert il y a dix ans, ce col présente la double singularité d'être à la fois le plus haut du Tour 2013 mais aussi son premier obstacle naturel. Un mur infranchissable pour les quatre coureurs partis dès le départ : Johnny Hoogerland (Vacansoleil-DCM), Jean-Marc Marino (Sojasun), Rudy Molard (Cofidis) et Christophe Riblon (Ag2r La Mondiale), dernier vainqueur d'étape à Ax 3 Domaines en 2010. Les quelques dix minutes d'avance prises par le quatuor au cours des 150 premiers kilomètres menés à bon rythme ne lui laissent même pas entrevoir la possibilité de basculer là-haut, à 2001 mètres d'altitude, avant les favoris. Seul à insister alors que la route se dresse péniblement sous une chaleur accablante, Christophe Riblon va voir rentrer sur lui un escaladeur prodigieux : Nairo Quintana (Movistar Team).


Le Colombien est sorti à mi-pente, inspiré par les démarrages successifs (mais vains) de Robert Gesink (Belkin) puis Thomas Voeckler (Team Europcar). Pour se lancer si loin dans une telle équipée, il faut de l'audace, de l'aisance, et forcément un peu de l'insouciance propre aux néophytes du Tour de France. Nairo Quintana n'a que 23 ans. Il découvre, il tente, il apprend. Tandis qu'il franchit le toit du Tour avec une petite minute d'avance sur un peloton duquel s'est extrait Pierre Rolland (Team Europcar) dans l'optique du maillot à pois, qu'il reconquiert, il marque le pas dans la descente sur Ax-les-Thermes, au bas de laquelle commence l'escalade finale vers Ax 3 Domaines (7,8 km à 8,2 %). A ce moment précis, le grimpeur colombien a déjà rendu la moitié de son avantage. Il sera ramené dans le rang à 5 kilomètres de l'arrivée.


Le rythme soutenu imposé par les Sky, selon un schéma usuel, associé à une chaleur étouffante, a fait son œuvre. Les premiers favoris viennent de défaillir. De faillir tout court car leur retard dans la station ariégeoise est tel ce soir qu'il leur exclut l'idée de la moindre place d'honneur à Paris. C'en est déjà fini des chances de Tejay Van Garderen (BMC Racing Team), 5ème l'an passé et repoussé aujourd'hui à 12'15" après avoir perdu le contact dès le Port de Pailhères. Exit aussi des outsiders comme Evans (4'13"), Gesink (7'50"), Hesjedal (8'15") ou Cunego (14'27"). Quant à Thibaut Pinot (FDJ.fr), il a hypothéqué ses chances d'améliorer son classement 2012. Distancé dans la descente du Port de Pailhères, paniqué dès que les compteurs s'affolent, il est retardé au pied de la montée finale par un problème mécanique. Il perd 6'00". Mais aux défaillances d'un côté répond de l'autre une performance. Une énorme performance.


Et soudain, il y en a partout ! La montée vers Ax 3 Domaines vient de débuter quand le duel espéré entre Chris Froome (Team Sky) et Alberto Contador (Team Saxo-Tinkoff) prend forme. Les deux favoris, respectivement épaulés par Richie Porte et Roman Kreuziger, s'isolent à l'avant avec pour seul arbitre Alejandro Valverde (Movistar Team). Mais d'arbitre il n'y aura pas besoin pour départager les deux favoris. A 5 kilomètres de l'arrivée, Alberto Contador manifeste des signes de faiblesse. Chris Froome l'a relevé. C'est lui qui plantera la première banderille. Quand le Britannique accélère, il s'éloigne avec la volonté manifeste de creuser des écarts conséquents. Dans l'incapacité de répliquer, Contador perd même des positions. Au sommet, qu'il atteindra au 8ème rang, il lâchera ce soir un débours considérable à son adversaire : 1'45" !


Chris Froome était déjà sorti victorieux de la première arrivée en altitude du Tour 2012 à la Planche des Belles Filles. Dans un costume de lieutenant devenu trop étriqué. Venu cette fois pour apposer son nom au palmarès du Tour, il accomplit une fin d'ascension époustouflante. Même Richie Porte, son fidèle allié, qui se lance en quête de la 2ème place quelques hectomètres seulement après le démarrage de son leader, se verra repoussé à 51 secondes. Les autres, à commencer par Alejandro Valverde 3ème, terminent au-delà de la minute : 1'08" pour Valverde, 1'10" pour Mollema, 1'34" pour Nieve, 1'45" pour Quintana, 2'06" pour Rodriguez et 3'34" pour Schleck, pas ridicule. Côté français, Jean-Christophe Péraud et Romain Bardet (Ag2r La Mondiale) terminent à deux minutes et demie, 13ème et 14ème, quand Pierre Rolland lâche 3'47" (22ème). Installé dès ce soir à la tête du classement général, le super favori Christopher Froome va désormais devoir défendre son maillot jaune sur les deux semaines restantes. C'est précisément ce qu'avait fait Bradley Wiggins il y a un an.
d'après velo101



La réaction de Romain Bardet (AG2R LA MONDIALE), 14e de la 8ème étape et 20ème au classement général pour Velostar.fr: « Je m’attendais à ça. On court en World Tour toute l’année donc les trains infernaux je commence à connaître et à être habitué à les subir. Même si nous avons eu des étapes escarpées en Corse, nous n’avions jusqu’à présent pas connu de grandes ascensions. Là c’était vraiment difficile, surtout l’enchaînement entre les deux cols. J’avais l’impression de faire des micro-sprints à chaque relance. Le pied du col s’est monté très vite et il fallait vraiment être placé au pied d’Ax pour éviter de se prendre un 1er coup d’élastique (sic). J’ai ensuite rapidement compris qu’il fallait vite que je prenne mon rythme plutôt que de voir la chaleur me faire exploser complètement. On a manqué un peu de timing avec Jean-Christophe (Péraud) pour limiter encore mieux les dégâts ensemble, c’est dommage. »


La réaction de Vincent Lavenu, manager de l’équipe AG2R LA MONDIALE pour Velostar.fr: « La journée a été stressante. Une première grande étape de montagne sur le Tour de France c’est toujours difficile et on a d’ailleurs vu beaucoup de coureurs prendre de gros éclats (sic). Sur ce genre d’étape on espère toujours le meilleur mais on a toujours peur du pire ! Nos coureurs ont été à la hauteur de l’enjeu et de ce que l’on attendait d’eux. Jean-Christophe Péraud termine tout près des meilleurs. Romain Bardet, pour son premier Tour de France, n’est pas très loin et John Gadret s’est bien battu dans le final pour le classement par équipes. On a une belle équipe et je suis vraiment fier d’eux ce soir. »